La Dépeche Du Midi le 15 Novembre 2009

Du 13/11/2009 au 15/11/2009

Les adieux de Johnny Hallyday à Toulouse : 3 concerts au Zenith.

Démarré le 10 mai à Saint-Etienne, le Tour 66 de Johnny Hallyday se terminera le 24 novembre à Amiens avant de reprendre pour quelques dates en janvier 2010. Mardi et mercredi, le show a fait étape à la patinoire Mériadek, à Bordeaux, pour combler plus de 10 000 fans qui n'avaient pas été rassasiés par le concert au stade Chaban-Delmas en juin dernier. Nous y étions, déçus d'assister à un spectacle grandiose mal servi par une salle de médiocre qualité, loin des exigences actuelles du rock et de la variété.

1. Le show

Bien sûr, il y a les effets pyrotechniques, les flammes (les vraies) qui jaillissent parfois devant les musiciens. Et un écran géant qui balance des images d'une Amérique fantasmée, avec pépées en Harley sur fond de grands espaces. Pourtant, le Tour 66 est moins spectaculaire que les précédents, plus axé sur Johnny, sa vie, son œuvre, son humanité au-delà de la bête de scène. L'intro est fracassante, batterie bien en avant, comme un orage qui gronde. Le rideau (des barbelés stylisés) cache l'idole un long moment ; au-dessus clignotent les yeux rouges d'un aigle géant, emblème du chanteur. Quand la scène se découvre, sur « Ma gueule », Johnny apparaît, costume brillant, les jambes bien écartées dans la position du rockeur. A l'exception de timides déhanchements, il restera ainsi une bonne partie du concert, quasi statique, loin des galipettes d'antan, multipliant même les silences pour que la foule s'en empare, lui criant son amour. Personne ne lui demande de jouer le gamin : tout le monde sait qu'il a 66 ans.

2. Le public

« T'as vu la moyenne d'âge ? C'est 50 balais : y'a que des vieux ! », lance un spectateur pas tout jeune à sa voisine avant de rigoler. Il est loin le temps des bagarres et des chaises cassées. Le public a vieilli avec Johnny, il est autour de la retraite, bien sage et plein de ferveur. Au début, ceux de la fosse (les plus accros) tentent une ola qui prend l'eau. Le reste du temps, ils hurlent « Johnny, on t'aime », ravis de retrouver un peu de leurs jeunes années. Les rares ados à l'horizon sont venus avec leurs parents, par simple curiosité. Hallyday, version idole, c'est déjà une autre époque.

3. La musique

Débuté à 20h15, le concert se terminera à 22h15 après un rappel, pas plus. 23 chansons ont été sélectionnées, certaines sous forme de medley (lire ci-contre). Il y a les classiques comme « Joue pas de rock n'roll pour moi », « Les coups », « Gabrielle » ou « La musique que j'aime » que le public prend plaisir à chanter, encore et toujours. Le répertoire plus récent (« ça peut changer le monde », « ça ne finira jamais »…) ne passe pas vraiment la rampe, juste là pour faire vendre le dernier disque. Le dynamisme que Johnny n'a plus est compensé par ses 11 musiciens et trois choristes, la plupart américains. Ils sont tous excellents, les jeunots assurant le show, particulièrement Greg Zlap à l'harmonica ou Clint Walsh aux guitares.

4. L'idole

Avant le concert, tout le monde s'inquiète pour la santé de Johnny. Et il suffit qu'il se mette à tousser avant « Le bon temps du rock n'roll » pour que les rumeurs circulent à nouveau. Le chanteur bien entouré rassure par un trait d'humour : « J'ai dû attraper la grippe mais c'est pas la grippe A ». Un proche, sous couvert d'anonymat, présente une version différente et confesse que ce n'est pas la grande forme : « Il est fatigué, c'est vrai, mais vous allez voir, sur scène, il est transfiguré ».

En gros plan, Johnny apparaît empâté et trop maquillé. Quand il se déplace, c'est légèrement voûté, le pas manquant un peu d'assurance. Mais son charisme est intact. Dans le plus beau moment du concert, une passerelle descend au-dessus de la foule et la star s'installe au milieu de la salle, sur une sorte de ring, en formation quasi acoustique. C'est le moment du « Pénitencier » et de « Quelque chose de Tennessee ».

Johnny est à quelques mètres, assis sur un tabouret, tournant ostensiblement le dos au prompteur diffusant les paroles (en cas de trou de mémoire ?).

Hallyday regarde ses fans dans les yeux. Il sourit, livre quelques clins d'œil. C'est intime, très émouvant. Les fans craquent de bonheur. Johnny est presque un homme comme les autres, fragile, touchant.